Pourquoi la volonté ne suffit pas pour réussir : décryptage avec Samah Karaki
20 octobre 2024
Samah Karaki déconstruit le mythe du talent inné, soulignant l'importance des influences environnementales et sociales sur la réussite individuelle.
Samah karaki a attiré mon attention sur Youtube à travers ses interventions, notamment autour de son livre Le talent est une fiction. Cette neuroscientifique critique les dérives de sa discipline et fait le lien avec la sociologie en mettant en lumière l'impact des environnements (politique, culturel, économique) sur les individue.
Les Limites des Neurosciences : impact des Interactions et des systèmes sur le comportement Humain
Le monde est complexe, et les neurosciences ne peuvent pas tout expliquer, car de nombreux comportements et parcours résultent d'interactions entre différents éléments. Ces systèmes façonnent les comportements et les trajectoires individuelles, ce qui rend difficile de tirer des conclusions à partir d'études isolées sur des individus.
Des études ont pu servir à valider, légitimer des idées racistes, sur les capacités génétiques de certaine catégorie de populations.
Les Coureurs de la Vallée du Rift : Au-Delà du Mythe du Talent Génétique
Il faut se méfier quand on renvois à la génétique, la raison des différences entre des groupes humain
Samah Karaki cite l'exemple des coureurs de la vallée du Rift pour illustrer les idées reçues sur le talent génétique. Cette région, située principalement au Kenya et en Éthiopie, est célèbre pour ses athlètes de haut niveau en course de fond. Samah souligne que, bien que beaucoup attribuent leurs performances exceptionnelles à des avantages génétiques, il est crucial de reconnaître l'influence significative de facteurs environnementaux, culturels et sociaux sur leurs réussites.
Parmi ces facteurs, on peut citer le fait que la course à pied est un sport accessible financièrement et une opportunité de réussite économique. Ou encore que la vallée du Rift est une région montagneuse, ce qui favorise un meilleur développement cardiovasculaire.
Quand on veut, on peut ?
Un préjugé tenace vient souvent expliquer que la réussite d'une personne serait liée à un talent ou encore à son intelligence supérieure. Samah Karaki démontre que l'environnement des personnes est déterminant dans le parcours et les aptitudes des personnes.
Ainsi, les débats inné ou acquis sur le talent et la réussite n'ont, selon elle, pas de sens puisque la réalité est un assemblage trop complexe pour expliquer la part de chacun dans le réel. Les neurosciences ne suffisent pas à expliquer des phénomènes complexes comme les comportements sociaux. Ce sont donc des débats idéologiques, qui parfois été utilisées pour confirmer des thèses sexistes et raciste.
Avant de le vouloir, il faut avoir accès à cette volonté. Cette capacité ne peut être réduite à l'individu, car l'environnement d'un individu, dès l'age de 5-6 ans détermine sa capacité de réussite dans les voies valorisée par la société. Capital social, informationnel, culturel, la nourriture, l'amour, la profession de nos parents sont des éléments déterminants.
Ce débat, réponds bien aux idées reçues et au discours méritocratique. Samah Karaki répond de façon argumentée et mesurée face aux arguments méritocratique de Sarah Saldmann.
Les environnements déterminent les parcours individuels - exemple du travail
Notre environnement est déterminant dans notre parcours et nos compétences. Nous devons questionner ces environnements, re-politiser.
Notre cerveau traite toutes les formes de peur de la même manière. Qu'il s'agisse d'une menace physique ou psychologique, il ne fait aucune distinction. Dans un environnement stressant, cela peut altérer nos capacités, accélérer notre rythme cardiaque, interrompre la digestion, la réflexion et le sommeil, et conduire à des problèmes physiologiques et des troubles psychologiques.
Pour éviter cela, il est essentiel de se concentrer sur plusieurs points fondamentaux :
Autonomie procédurale : Offrir les moyens d'agir sur leur environnement, en trouvant un équilibre pour éviter la surcharge, car prendre des décisions demande beaucoup d'énergie.
Statut : Reconnaître et intégrer les individus, en séparant la personne de l'employé et en distinguant le statut social des compétences et des rôles professionnels.
Alignement des compétences : Assurer que les compétences correspondent aux exigences du rôle.
Appartenance : La confiance crée des liens entre les personnes. Ce besoin n'est pas comblé par des activités ou des innovations matérielles, mais plutôt par une hiérarchie et une prise de décision appropriées.
Vous aurez beaux mettre en place des éléments matériels (salaires, outils ....), si vous ne vous préoccupez pas des 4 points, alors vous pourrez tout de même violenter les employés.
Conclusion
Ce qui m'a particulièrement intéressé dans son travail, c'est la connexion qu'elle fait entre différentes disciplines (neuroscience, sociologie). Cet exercice permet de visualiser un système dans sa complexité. Il ne s'agit pas de l'innée et de l'acquis, il s'agit des interactions entre les deux.
Cette vision vient critiquer une société qui individualise les réussites et échec.
D'autres vidéos
L'intelligence n'est pas un talent inné | tedxOrléans (14min) - https://www.youtube.com/watch?v=GfNKrvZfrag
Interview dans InPower Podcast - Apprendre à maîtriser son cerveau (1h40min) - https://www.youtube.com/watch?v=DsUpabQMvYY